Mobile film festival : Anne-Dominique Toussaint l’interview

Date : 17 / 04 / 2014 à 07h30

Sources :

Anne-Dominique Toussaint est productrice et fondatrice des Films des Tournelles en 1989.
Elle a produit, entre autre, le film Respiro, d’Emanuele Crialese ; Le Coût de la vie, de Philippe Le Guay ; le documentaire Retour à Kotelnitch, première réalisation d’Emmanuel Carrère et dernièrement les deux films de Riad Sattouf, Les beaux gosses et Jacky au royaume des filles.

On parle toujours de producteurs, mais pouvez-vous nous dire en quoi consiste votre métier ? (différence entre producteur exécutif, producteur associé, coproducteur...)
Le métier de producteur, c’est faire exister le film. Il faut accompagner le projet depuis la soumission d’un réalisateur jusqu’à la diffusion du film sur écran.
Toutes les étapes sont :

développement,
écriture,
casting,
coût du projet,
financement,
fabrication du film,
montage,
diffusion,
distribution dans les festivals,
distribution à l’étranger.

L’action du producteur peut être très riche.
Le producteur exécutif est un facilitateur dans le processus de création du film. Il ne prend pas de risque financier car il est payé pour faire ce travail. Il sert aussi au niveau de la relation entre les différentes équipes.
Le coproducteur a un apport financier sur le projet uniquement, de même que le producteur associé.

Quel est le travail d’un producteur sur un format comme le court métrage ?
Le travail sur un court métrage est le même que sur un long métrage, mais c’est plus compliqué à faire car il n’y a pas le même système de financement que pour les films. Il n’y a pas vraiment de système de financement pour les courts métrages. On doit trouver des fonds ou des investissements autres.
Il faut aussi gérer la relation technicien-moyens techniques possibles.
On est plus dans un travail de débrouillardise et d’accompagnement du réalisateur.

Comment trouver un financement sur un format cinématographique peu visible à la télévision ou au cinéma ?
On peut faire appel à une aide régionale ou à un investisseur privé. Cela marche aussi grâce au système de relation que l’on a créé.

Est-ce que Youtube ou Dailymotion qui permettent aux courts métrages d’être plus visibles a changé votre métier ?
La diffusion est plus facile et rapide. Le court métrage est disponible. On voit aussi une créativité plus libre avec moins de moyen. Ça encourage les créateurs à faire des films.

Dans une de vos interviews précédentes (donnée à Madame Figaro), vous avez déclaré « Mes projets, même si je ne le fais pas exprès, sont souvent en marge des sentiers battus. Je tiens à défendre cette vision du cinéma. ». Comment appliquez-vous ce choix aux courts métrages, les Films des Tournelles en produisant aussi ?
Ça fait longtemps que nous n’avons plus produit de court métrage. Il y a quelques années, en général cela permettait d’offrir à un réalisateur intéressant de faire ses armes. C’était en quelque sorte un essai grandeur nature avant de se lancer dans un long métrage. Mais il y a des difficultés pour financer les courts métrages.

Anne-Dominique Toussaint est une grande professionnelle. En répondant à nos questions elle nous a permis de nous approcher d’un métier qui reste flou pour la plupart des gens alors qu’il est essentiel et touche à tout. Nous tenons à la remercier de ses réponses précises et concises.

Les producteurs sont le squelette des films. En leur absence pas de film ou pas de diffusion possible. C’est aussi grâce à leurs prises de risque que nous pouvons découvrir des programmes qui sortent de l’ordinaire.

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