Mobile film festival : Sophie Reine l’interview

Date : 15 / 04 / 2014 à 08h15
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Unification


Sophie Reine est une monteuse française. Elle a obtenu le César du meilleur montage en 2009 pour le film Le Premier Jour du reste de ta vie de Rémi Bezançon.
Elle a également réalisé un court-métrage Jeanine ou mes parents n’ont rien d’exceptionnel en 2010.
Elle est créditée du montage d’une quinzaine de films dont trois de Rémi Bezançon et deux de Lorraine Levy et de Jacques Nolot.

Le montage est un élément essentiel d’un film. C’est lui qui au final peut transcender ou détruire un film.
Dans un court, voir très court métrage (car on parle ici de 1 minute), le montage peut s’avérer prépondérant dans le rendu final.

Pouvez-vous nous présenter votre parcours ?
Je suis une autodidacte complète. Je rêve de montage depuis que je suis adolescence. J’ai passé en revue tous les génériques pour trouver les monteurs que j’ai contactés les uns après les autres. J’ai enfin été prise à l’essai. Le montage se faisait alors sur du 35 millimètres. Le métier ressemblait alors à celui d’un ouvrier de France. J’ai été stagiaire et assistante sur 35 millimètres.

Parlez-nous de ce métier qui a subi ces dernières années de grands changements, notamment techniques ?
De nouvelles machines et les ordinateurs sont arrivés. Un certain nombre de monteurs n’y croyait pas. Ils pensaient que c’était comme d’autres techniques, que ça ne perdurait pas et qu’on resterait au 35 millimètres. Il y a eu beaucoup de stages pour se former sur le numérique pour les petites mains des monteurs. Certains monteurs n’ont pas réussi à faire ce passage au numérique.

Lorsque vous avez fait votre court métrage Jeanine ou mes parents n’ont rien d’exceptionnel en 2010, quelles sont les difficultés que vous avez rencontrées en temps que réalisatrice ?
2010 a été une super année avec le césar du meilleur montage pour Le Premier Jour du reste de ta vie. J’ai une collègue et amie monteuse qui m’a proposé de réaliser un court métrage avec un financement pour le réaliser. Je m’intéresse à tout et je trouvais que ce serait intéressant de découvrir l’envers du décor. Ce n’est pas moi qui ai monté le court mais deux assistantes monteuses qui sont maintenant monteuses. En effet le monteur est le premier spectateur du film et souvent le réalisateur n’est pas capable de faire cette première vision de son film. Je n’ai pas pu non plus le faire car je trouvais tout mauvais. Le monteur sert aussi beaucoup de psychiatre au réalisateur.

Vous avez travaillé avec différents réalisateurs au cours de votre carrière. Comment se passe votre collaboration sur le montage ?
J’ai eu la chance d’avoir de longues aventures avec certains réalisateurs que j’ai même suivis sur leurs courts métrages comme Rémi Bezançon. On se connaît bien et il accepte les critiques. Le montage permet en effet un certain recul sur le film et de donner un retour sur ce qui marche et ce qui ne marche pas. Mais le monteur a la place qu’on lui laisse dans le film. Par exemple Jacques Audiard laisse une grande place à sa monteuse Juliette Welfling qui le suit depuis des années. Parfois on trouve de mauvais films avec de supers montages. Il y a des réalisateurs qui aiment avoir la main mise sur le montage. Le montage s’est aussi une troisième écriture du film ou pas, selon la volonté du réalisateur.

Quel est le conseil que vous pouvez donner à de jeunes réalisateurs et/ou monteurs ?
Ce festival est très intéressant par rapport à son format. On a des ordinateurs et des outils à notre disposition, mais il faut penser le film car les outils ne font pas le film. C’est plus facile, ça va plus vite. Mais le travail sur le montage ce n’est pas la machine qui le fait. C’est comme le passage de l’argentique au numérique. Ce n’est pas parce qu’on peut prendre des photos facilement qu’on fait de bonnes photos. On peut être un peu noyé par la technologie. Mon conseil est de vraiment travailler son écriture et son sujet et de s’accrocher.
Si vous lisez la lettre que Martin Scorsese a écrit à sa fille, il lui dit qu’elle a de la chance d’être à cette époque et de pouvoir faire des films facilement. Ça offre une grande liberté qu’il n’avait pas à l’époque alors qu’il avait du mal à réunir des fonds pour faire ses films.
Faire du cinéma c’est un vrai choix de vie car c’est un métier précaire. On se sait pas de quoi demain sera fait, ni si on continuera ce métier toute notre vie. On travaille énormément et on a parfois de périodes out dans lesquelles on n’a plus de vie à part le film, même pour sa famille. C’est parfois dur car c’est le projet du réalisateur qui le vit complètement alors que nous avons un peu plus de recul.

Sur quel film travaillez-vous maintenant ?
Je travaille sur le film La French de Cédric Jimenez sur le juge Michel qui a lutté contre la mafia dans les années 70 avec Jean Dujardin et Gilles Lellouche. L’écriture avant-après est difficile.

Sophie Reine est une femme passionnante et passionnée. En 10 minutes, elle a réussi à nous faire vivre le métier de monteur de l’intérieur et permet de mettre en valeur un métier méconnu mais très intéressant. Nous tenons à la remercier de son enthousiasme et de sa gentillesse.
Soyez attentifs aux noms des monteurs dans les films car il s’agit des petites mains qui donnent une âme aux films que l’on voit et qui nous offrent les chefs d’œuvre qui nous marquent.

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