Le monde de Narnia - L’Odyssée du Passeur d’aurore : Les explications du réalisateur Michael Apted

Quelle impression vous a fait Skandar et Georgie, la première fois que vous les avez rencontré ?

Je les ai rencontré il y a longtemps pendant qu’ils tournaient Le prince Caspian. Je suis allée à Prague pour les rencontrer alors que j’étais pressenti pour réaliser la suite. J’ai pensé qu’ils étaient très naturels. Ainsi qu’intelligents. Ils m’ont réellement impressionné. Et mon sentiment s’est renforcé à mesure que je passais du temps avec eux.

Comme ils sont tous deux mineurs, cela a-t-il posé des problèmes de calendrier ?

Ils ne peuvent travailler que cinq heures par jour et je devais toujours avoir au moins l’un d’eux ou Eustache dans chaque scène. J’avais peu de temps pour les faire tourner sachant qu’ils avaient tous les jours, trois heures de classe et une heure pour déjeuner. Ça fait beaucoup de pression surtout que la durée du tournage était courte.

Le réalisateur des deux premiers opus a eu plus de temps pour tourner. Ça a donc été plus difficile pour vous d’avoir moins de temps ?

Notre budget était moins conséquent que pour les deux premiers films. J’étais pressé par les deux bouts. J’avais moins de jours de tournage mais également moins d’argent à dépenser.

C’est la première fois que vous travaillez avec des personnages en images de synthèse. Comment est-ce que ça s’est passé ?

Cette partie du travail n’a pas vraiment commencé. Le seul animal déjà animé est Reepicheep. Nous l’avons déjà placé dans certaines scènes et laissé de la place pour les autres. Mais le travail actuel concerne plus leurs expressions et la synchronisation des dialogues.

Andrew Adamson interprétait les personnages en images de synthèses hors cadre pour les acteurs. Quelle a été votre approche ?

J’ai sélectionné un acteur professionnel pour le rôle de Reepicheep. Je pensais que ça aiderait à bâtir sa relation avec l’acteur. Je ne sais pas si j’utiliserais sa voix ou pas au final mais il interprète de manière permanente le personnage sur le tournage. De plus, je pense que ça aide à humaniser le personnage.

Quel genre de défis, ce tournage sur l’eau vous a-t-il apporté ?

Quand je préparais le film, je suis allée voir d’autres réalisateurs qui avaient déjà travaillé sur des bateaux et chacun d’eux m’ont dit de ne pas aller sur l’eau. Nous étions soucieux de ce détail donc nous avons décidé de faire comme si nous travaillions sur l’eau sans toutefois y être. C’est tout un tas de challenges que de tourner sur l’océan dans le vent avec les changements de temps, mais même si nous étions très organisés, nous n’y sommes pas allés. Si vous allez en mer, c’est trop difficile car vous n’avez aucun contrôle des éléments.

Le passeur d’aurore est l’un des plateaux les plus spectaculaires qui soit. Pouvez-vous nous parler de votre vision du film ?

Tout est basé sur le livre. Nous voulions offrir aux gens qui l’aiment, l’image iconique qu’il représente. Nous avons dû effectuer quelques petits changements mais nous voulions garder certaines choses. Comme la fantaisie qui aime l’aventure. Le challenge était intégré au bateau des signes significatifs de Narnia tout en sachant qu’il n’y allait pas puisque cet opus est un voyage. Il devait également être pratique pour avoir des salles à filmer. Comme vous avez pu le voir, c’est un très joli petit espace. Je vais être sur ce bateau pendant trente jours et je suis sûr qu’il va être usé jusqu’à la corde.

A quel point êtes-vous resté proche du livre ?

Sur certains points, nous sommes restés très proches et sur d’autres non. Le livre est un condensé de plusieurs histoires très différentes mais ce système ne marche pas pour un film. Il faut tout relier. Vous devez gardez l’attention du public. Ce n’est pas comme lire un chapitre le soir avant d’aller au lit. Vous avez tout de suite envie de découvrir la suite donc il faut un lien qui y mène. Ça a été un vrai challenge. Ça a pris du temps d’organiser tout ça.

Qu’est-ce que vous aimez dans la franchise Narnia ?

Ce sont vraiment de bonnes histoires. De mon point de vue de réalisateur, il y en a de très différentes donc vous devez faire en sorte de les lier au sein d’une. La votre. Je pense qu’il y a des thèmes très adultes en plus de ceux plus enfantins dans cette histoire. J’aime les animaux et j’aime les traiter comme des adultes ainsi que les enfants. Ils ne sont pas que des poids légers, il y a de la substance en eux. Ils sont charmants, drôles et imaginatifs.

Est-ce que vous cherchez une autre franchise à laquelle appartenir ?

Je faisais un autre film pour la même compagnie Amazing Grace et ça a bien marché donc il suffisait d’être au bon endroit au bon moment. Ils cherchaient un réalisateur et je travaillais pour eux. J’ai vraiment apprécié réaliser Le monde ne suffit pas (James Bond) et je cherchais à réaliser un autre gros film. J’ai bien sûr pensé à une franchise, car je savais que j’aurais un budget plus conséquent ainsi qu’un large public. J’ai dépensé beaucoup de temps à faire de petits films parfois très dur à vendre.

 L’Odyssée du Passeur d’aurore est le livre favori des fans. Est-ce que ça ne rajoute pas en pression ?

Oui et c’est bien l’un des problèmes de travailler sur une franchise très attendue. Vous ne voulez pas les trahir. C’est génial qu’autant de gens attendent la sortie du film (vous savez que le film aura du succès) mais vous ne voulez pas décevoir ce public donc vous êtres très conscients des attentes qui pèsent sur vous.

Espérez-vous pouvoir imposer votre propre style par rapport aux premiers films ou garderez-vous le même ton ?

Le fait est que c’est une histoire complètement différente. Ce n’est pas comme Harry Potter ou même James Bond. Mon histoire ne pouvait pas être plus différente de celle d’Andrew. Le sien est une sorte de film politique sombre avec de grandes batailles. Le mien est un voyage magique. Je pense que mon film est plus cinématographique que le dernier réalisé. Ce sont vraiment deux films différents donc je n’avais pas à me mettre dans les chaussures d’Andrew, j’avais juste à mener mon projet jusqu’à son terme.

Concernant la multiplicité des îles, quelle a été votre influence ou référence pour les visuels ?

Quand j’ai commencé à travailler sur le film, il devait être tourné en extérieur, ce qui signifiait qu’il coûterait très cher. J’ai alors fait en sorte qu’il soit tourné en studio. Cela vous permet d’avoir plus de contrôle et d’aller plus loin en terme de design car nous pouvions nous déplacer à notre guise et filmer dans les lieux adéquats. Mon visuel correspond surtout aux exigences de l’histoire. Je voulais aussi que toutes les îles soient différentes afin que le public ait l’impression de vivre son propre voyage. Elles sont un mélange d’endroits réels et de studio. Le défi était d’avoir suffisamment d’images en tête puis de les retranscrire sur écran afin de convaincre les gens qu’ils sont réellement en train de vivre un voyage unique et magique.

Le Monde de Narnia : L’Odyssée du Passeur d’aurore sortira en 3D et 2D, le 8 décembre 2010.

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